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Les cours de l’université de Genève bientôt sur la toile ?
Une habile façon d’évaluer

Dès la rentrée 2007, les professeurs genevois devront avoir déposé leur enseignement sur la toile.

Article mis en ligne le 29 octobre 2005
dernière modification le 9 décembre 2012

Un article de Fabienne Bogadi paru dans le supplément Emploi et formation du journal Le Temps du vendredi 28 octobre 2005 et intitulé Adieu le polycopié ! Bientôt tous les cours de l’université de Genève seront disponibles sur le Net a retenu toute mon attention. A quand une initiative identique pour le secondaire ? Cette démarche permettrait d’améliorer l’évaluation de l’enseignement

Fabienne Bogadi

Des auditoires remplis d’étudiants, leur ordinateur portable ouvert devant eux, qui suivent les explications du professeur tout en lisant et en mettant à jour le contenu du cours sur leur écran grâce au Wi-Fi : une vision d’avenir ? Un avenir proche si l’on en croit la vice-rectrice de l’Université de Genève, Nadia Magnenat-Thalmann, en charge de la formation universitaire à distance et initiatrice du futur projet d’enseignement assisté par ordinateur (EAO) : « C’est une évolution inéluctable qui touche à la qualité de l’enseignement, Internet ne pardonne pas. Si un cours est misérable, cela se verra tout de suite. »

Dès la rentrée d’octobre 2007, dans une année à peine, tous les enseignants de l’alma mater genevoise devront avoir déposé l’essentiel de leur matériel de cours sur Internet. L’objectif de ce projet financé par le Campus virtuel suisse : permettre aux étudiants d’accéder librement et en tout temps à la matière enseignée et aux documents de travail s’y rapportant.

Aide à la mobilité

L’année dernière, le Secteur formation et évaluation (FormEv), spécialisé dans le soutien pédagogique aux enseignants, a lancé une enquête afin de mieux connaître leurs usages en matière d’utilisation du Web. Surprise : plus de 60% d’entre eux avaient déjà leur propre page internet. « C’est énorme, commente Nicole Rege-Collet, responsable de FormEv. Notre projet ne fait finalement que formaliser une situation évidente pour la majorité de nos enseignants.

« Pourquoi alors rendre cette pratique obligatoire dès l’année prochaine ? » Le futur campus virtuel répond à un enjeu fondamental. Suite aux accords de Bologne, la plupart de nos étudiants effectueront leur master dans une autre université, voire à l’étranger, relève Nadia Magnenat-Thalmann. Pour faire valoir leurs cours et leurs crédits ailleurs, ils devront y accéder partout et en tout temps. Dans ce contexte, il n’est plus admissible que des professeurs gardent secret le contenu de leurs enseignements. »

Tests, simulations ou forums

Même son de cloche à Lausanne, où, bien que dépourvue de tout caractère obligatoire et de calendrier, la formation à distance constitue une priorité des autorités universitaires. « Nous devons faire attention au piège tendu par le discours ambiant : c’est formidable parce que c’est le progrès technologique, prévient cependant Jacques Lanares, responsable de la cellule de soutien à l’enseignement de l’Unil. L’intention pédagogique doit rester au centre de ce type d’initiative. La technique vient en appoint de l’enseignement. »

En clair : il ne s’agit pas pour les universités concernées de remplacer la présence d’un professeur par des animations sur écran, mais de l’enrichir, de lui apporter une véritable valeur ajoutée. En plus du contenu des traditionnels polycopiés, les étudiants retrouveront sur la toile des compléments destinés à renforcer leur travail : des tests d’auto-évaluation, des quiz, des simulations, de l’iconographie, mais également des forums de discussions ou des rendez-vous avec leurs professeurs.

La palette est vaste, et va modifier en profondeur le métier d’étudiant. « Le jeune va devoir apprendre à puiser dans ce brouhaha médiatique, à trier le bon grain de l’ivraie, et surtout comprendre que ce n’est pas parce que c’est écrit sur la Toile que c’est vrai, commente Nicole Rege-Collet. Il lui faudra, en bref, aiguiser son sens critique. »

Un discours naïf

Curieusement, c’est la grande école la plus liée aux nouvelles technologies qui se montre la plus réticente : « A l’EPFL, nous nous occupons avant tout de la qualité de l’enseignement sous tous ses aspects, déclare Pierre Dillenbourg, professeur en charge des technologies de la formation à l’Ecole polytechnique. C’est pourquoi nous favorisons l’apprentissage dit intégré. » Selon ce concept, un enseignement comprend aussi bien le cours ex cathedra, que les séminaires ou les séances en laboratoire. « Internet vient s’y ajouter parce que nous sommes au XXIe siècle. » Selon lui, « les grands discours enthousiastes sur le e-learing, dont on sait qu’il ne marche pas, sont naïfs ». Quant aux Universités de Fribourg et de Neuchâtel, elles s’accommodent pour l’instant des actions ponctuelles de leurs professeurs.

Cependant, Genève a déjà une longueur d’avance avec le projet Supprem. Il a été créé il y a cinq ans par le Centre universitaire d’écologie humaine (CUEH) afin de répondre à l’appel de la Confédération qui souhaitait des projets concrets de campus virtuel. Aujourd’hui, Supprem propose des enseignements à distance, sous forme de modules souples, sur des thèmes liés à la gestion environnementale. Et cela marche : « Nos étudiants accèdent plus facilement à la connaissance. Le but n’est pas de supprimer le présentiel, mais de le compléter », lance Alain Haurie, professeur à HEC Genève et concepteur du projet.

Mais pas à n’importe quel prix. Il y a des règles à respecter : « La formation à distance oblige l’auteur du cours à mieux structurer son enseignement, avertit Alain Haurie. Pour les professeurs, c’est parfois effrayant. C’est plus que d’écrire un manuel d’enseignement. Il s’agit plutôt d’inventer un scénario pédagogique, mais interactif, avec des cas d’école, des exercices ou des tests. Comme dans un film où les spectateurs pourraient intervenir. »

En outre, le campus virtuel crée de nouveaux métiers, comme l’ingénieur pédagogique, qui accompagne les enseignants dans leur démarche technique, ou le tuteur, qui soutient les professeurs auprès des étudiants, répond à leurs questions, vérifie qu’ils ont fait le travail demandé, suit leur parcours tout au long du processus. Une révolution plus qu’une évolution.

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